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L’apartheid des femmes (2/3)


L’APARTHEID DES FEMMES (II)

Stratégies révolutionnaires

 

« Au XXIe siècle, l'égalité des femmes et des hommes est incontestable. C'est une des bases des droits humains. »

 

Les principaux ingrédients de la discrimination sont l’ignorance et la peur de ce que l’on ne connait pas. Cette discrimination sert ensuite à canaliser la haine et à étancher la soif de pouvoir. On l’a vu avec les nazis pour qui les juifs étaient des sous-humains, en Afrique du Sud où la population noire était traitée comme des citoyens de seconde classe et aux États-Unis où il fallut une guerre civile pour mettre fin au racisme systémique et à l’esclavage.

 

Pourtant, aujourd’hui les juifs ont un pays, l’Afrique du Sud a vaincu l’apartheid et les noirs des États-Unis sont des citoyens égaux. Toutefois, une des plus grandes discriminations existe encore au vingt-et-unième siècle : l’apartheid des femmes sous le régime islamique. Afin d’aborder des solutions efficaces pour libérer les femmes, voyons les recettes qui, lors des révolutions du passé, ont mené à la liberté.

 

Les recettes gagnantes

Le succès d’une révolution est basé sur la capacité à être invisible, une connaissance précise de l’adversaire et une préparation méticuleuse des actions de libérations.

 

Idéologies révolutionnaires

L’Histoire des révolutions a apporté plusieurs théories ayant porté fruit. Par exemple : Mao disait que « Le meilleur révolutionnaire est celui qui se cache dans le peuple comme un poisson dans l’eau. » Che Guevara lui parlait de la guerre de la puce : « La puce dans le cou du chien va le rendre fou, car il ne peut l’atteindre avec ses pattes. » On peut donc conclure par ces deux idéologies que le révolutionnaire a intérêt à être proche du peuple et que l’adversaire est impuissant contre un ennemi qu’il ne peut voir ni atteindre.

 

Devant un ennemi bien armé, supérieur en force et en nombre, les attaques frontales sont vouées à l’échec. Dans ce cas, les révolutions du passé ont élaboré des stratégies utilisant la ruse, l’ingéniosité et les forces invisibles.

 

Le poisson, la puce et la voix

Les révolutions chinoises, cubaines et les mouvements de libération de l’apartheid ont créé des manières d’attaquer l’oppresseur efficacement même sans armes et sans l’avantage du nombre.


La guerre du poisson

En Chine, Mao proposa la guerre du poisson. Le principe est que le révolutionnaire trouve une grande force dans sa dissimulation à l’intérieur du peuple comme un poisson dans l’eau. En s’assurant l’appui des oppressés, les rebelles bénéficient de l’aide des gens de sorte qu’on les protège, ne les trahit pas et même leur offre de les cacher de l’oppresseur.

 

La guerre de la puce

Cette stratégie consiste à harceler l’adversaire de façon cachée, de frapper aux endroits imprévus, de causer des dommages toujours de manière à être invisible et intraçable. Comme le chien torturé par la puce qu’il ne peut atteindre dans son cou. Cette forme de conflit inflige des dommages là où on ne s’y attend pas et crée une grande anxiété chez l’ennemi.

La résistance française, lors de la Deuxième Guerre mondiale, en est un bon exemple; les nazis eurent beaucoup de difficulté à se défendre de cet ennemi insaisissable. En plus, les maquisards créèrent un langage codé qu’ils appelèrent le verlan. Le verlan consiste en l'inversion des syllabes d'un mot : « c’est louche » devient « c’est chelou », merci devient cimer etc. Très utile contre certains nazis qui comprennent le français.

 

La guerre des mots

Les mots sont parfois beaucoup plus puissants que bien des armes; les grandes libérations les ont utilisés souvent avec succès. On se rappellera, lors de la révolution cubaine, que les rebelles de Che Guevara prirent d’assaut l’édifice de la radio d’où l’oppresseur diffusait sa propagande à La Havane. Ils installèrent un enregistrement qui diffusait, en boucle, les bénéfices et promesses d’un succès de la révolution (offres de terres cultivables à ceux qui se joindront aux forces révolutionnaires).


L’accès au poste de radio fut rendu inaccessible, on piégea les étages inférieurs de sorte que la diffusion dura un bon moment et rejoignit beaucoup de nouveaux adhérents avant que le pouvoir trouve moyen de l’interrompre.

 

L’instauration d’un organisme secret de diffusion des buts et des réussites de la révolution est essentielle. Il est la courroie de transmission ente la guerre secrète et la communauté internationale. Par cet organe, les rebelles peuvent faire valoir leur point de vue, diffuser leur manifeste et recueillir de l’aide des oppressés et des sympathisants de toute la planète.


La guerre de l’image

Une autre forme d’attaque sournoise est la distorsion de l’image de l’adversaire. Avec les outils de recherche de plus en plus sophistiqués que nous offrent l’informatique et Internet, il est possible de fouiller dans la vie de tous et chacun. Souvent, de petites infractions du passé peuvent servir à hanter les adversaires et dirigeants du camp adverse. Les « squelettes dans le placard » sont parfois ravageurs.

 

En plus, les divulgations n’ont même pas à être vraies. Dans beaucoup de cas de destruction de l’image d’un individu, les allégations étaient fausses mais les dommages à la réputation ont été irréversibles.

 

Et, pire encore, grâce à l’intelligence artificielle, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui en utilisant une image virtuelle de la personne avec une imitation indécelable de sa voix et de ses manières.

 

Des trucages photo avec des logiciels de traitements d’images peuvent assurément tromper (exemple : avec une femme sans voile, l’ayatollah saoul avec un cocktail à la main).

 


La guerre de l’argent

Dans tous conflits, l’argent est un élément crucial. Réussir à miner le financement de l’ennemi est primordial. Saigner le nerf de la guerre. Étant donné que de nos jours les finances sont de plus en plus virtuelles, s’en prendre aux économies de la partie adverse devient plus facile. Surtout avec une force de pirates informatiques comme le groupe occulte de pirates Anonymous.

 

La guerre des foules

Bien des révolutions ont débuté par de très grands rassemblements visant à attirer l’attention du régime contesté. En plus d’exercer une pression à l’intérieur du régime, l’union de milliers de protestataires résonne dans les médias de la planète. Dans la guerre contre l’esclavage, les immenses rassemblements de contestataires noirs eurent un effet positif en attirant l’attention et la sympathie de la communauté internationale. Les immenses regroupements ont l’avantage de protéger l’individu dans la masse.

 

La guerre des réseaux

Le contrôle des réseaux informatiques et d’internet est une des plus grandes puissances de guerre du siècle. Tout est maintenant relié par des liens réseau. Les échanges commerciaux, les paiements de fournitures d’armement, le financement des vivres et les coûts de fonctionnement des armées passent tous par un clavier, par un réseau.

 

On comprend tout de suite la force d’un regroupement de hackers (pirates informatiques) sensibles à la cause révolutionnaire. Parmi leurs armes, on retrouve l’effacement des comptes bancaires et la récupération des sommes; la diffusion de fausses informations et l’envoi de faux messages créant des conflits intérieurs; diffusion de révélations fausses mais plausibles afin de créer des doutes chez l’ennemi.

 

Le harcèlement des fournisseurs et des souteneurs du régime oppresseur est aussi un outil de choix. La saisie des bases de données contre une rançon qui consiste à cesser tous échanges avec l’oppresseur est un moyen de pression très efficace. Beaucoup de collaborateurs au régime exploiteur n’accorderont pas leur appui au détriment de leur propre économie. Le « rançongiciel » est une arme implacable, car si la victime ne paye pas la rançon, ses données sont détruites et s’il paye, la rançon enrichit les fonds de la révolution.

 

La guerre contre l’endoctrinement

Il s’agit ici de la pire des batailles. Combattre la conviction est une tâche difficile, car, dans le cas de l’islamisme, les femmes ont été endoctrinées par un lavage de cerveau idéologique. On les a convaincus depuis l’enfance qu’elles sont inférieures et que c’est l’Être suprême qui l’a dit. Celles qui ont l’audace de contester sont vite réprimandées par des châtiments exemplaires. Le marteau islamique ne tolère pas le clou qui dépasse. Les victimes sont noyées sous une non-démocratie imposée par la violence.

 

« Le marteau islamique ne tolère pas le clou qui dépasse. »

 


Combattre cet obstacle nécessite une vague de contre-informations consistant en des révélations sur la situation d’égalité qui règne partout ailleurs. Il s’agit ici de désendoctriner par mille moyens. L’envoi massif de tracts parachutés par des drones par exemple. Il y a beaucoup de moyens « souterrains » pour acheminer de l’information aux femmes; leur isolement commun peut devenir un  canal secret, se servant ainsi du nuage dans lequel elles sont confinées.


Comment libérer les femmes

Afin d’explorer des pistes de libération, nous avons pris pour exemple la libération des femmes sous le régime des talibans.

 

Libérer les femmes de l’oppression de la loi islamique nécessite une approche complexe et multidimensionnelle. Voici quelques voies qui pourraient contribuer à cet objectif :

 

1. Diplomatie internationale : encourager la communauté internationale à condamner les actions de l’apartheid et à exercer une pression diplomatique pour protéger les droits des femmes.

 

2. Aide humanitaire : fournir une assistance humanitaire aux femmes en situation de vulnérabilité, en particulier celles confrontées à la violence et à la discrimination.

 

3. Sensibilisation et éducation : sensibiliser à l'échelle mondiale sur la situation des femmes sous le régime islamique et promouvoir l'éducation pour les femmes.

 

4. Soutien aux organisations locales : apporter un soutien aux organisations locales qui œuvrent en faveur des droits des femmes et qui peuvent agir de manière plus directe sur le terrain.

 

5. Dialogue interne : encourager un dialogue inclusif au sein de la société islamique, y compris la participation des femmes, pour trouver des solutions durables.

 

6. Ouvrir des horizons : diffuser de la documentation sur les femmes célèbres et toutes celles qui sont dirigeantes, celles qui ont reçu le prix Nobel. Dévoiler toutes les possibilités de carrières qui s’offrent aux femmes modernes.

 

7. Mobilisation des médias : utiliser les médias pour mettre en lumière les histoires des femmes afghanes et sensibiliser davantage l'opinion publique internationale.

 

Il est important de noter que toute intervention doit être sensible à la culture locale et respecter les voix et les aspirations des femmes discriminées.

 

Des leaders nécessaires

La plupart des révolutions ont eu à leur tête un porte-parole charismatique qui menait vers les chemins de la libération. Malheureusement, ces têtes d’affiche furent souvent châtiées par les oppresseurs qui en firent des boucs émissaires.

 

 

Les femmes emblématiques

Rosa Luxemburg

Au début du vingtième siècle, Rosa Luxemburg est une figure de l'aile gauche de l'Internationale ouvrière, révolutionnaire et partisane de l'internationalisme, elle s'oppose à la Première Guerre mondiale, ce qui lui vaut d'être exclue du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD).


Elle cofonde la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne. Deux semaines après la fondation de ce dernier, elle meurt assassinée à Berlin le 15 janvier 1919 pendant la révolution allemande, lors de la répression de la révolte spartakiste.

 


Jina Mahsa Amini

Jina Mahsa Amini, une étudiante iranienne d’origine kurde de 22 ans, décède à l'hôpital le 16 septembre 2022 à Téhéran, trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ».

 

« Plusieurs témoins accusent la police d'avoir violemment battu la jeune femme, entraînant sa mort. [...] L'annonce du décès provoque de nombreuses manifestations, au Kurdistan iranien, mais également dans le milieu universitaire. La répression de ces manifestations est très violente et cause la mort de plusieurs centaines de personnes ainsi que l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers. »1



Narges Mohammadi

Emprisonnée dans son pays, la militante iranienne Narges Mohammadi a, par la voix de ses enfants, fustigé le « régime religieux tyrannique et misogyne » en Iran à Oslo lors de la remise de son prix Nobel de la paix.

 

« Farouche adversaire du port obligatoire du hijab pour les femmes et de la peine de mort en Iran, Mme Mohammadi est détenue depuis 2021 dans la prison d'Evin de Téhéran et n'a pu recevoir la prestigieuse récompense en personne. » 2


Malala Yousafzai

Malala Yousafzai est devenue un symbole international de la lutte pour l’éducation des filles après avoir été attaquée en 2012 en raison de son opposition aux restrictions imposées par les talibans concernant l’éducation des filles dans son pays, le Pakistan.

 

« L’attaque à mains armées des talibans contre Malala, le 9 octobre 2012, alors qu’elle rentrait de l’école avec ses amis, a été condamnée par le monde entier. Au Pakistan, plus de deux millions de personnes ont signé une pétition en faveur du droit à l’éducation et l’Assemblée nationale a ratifié la première loi sur l’éducation gratuite et obligatoire du pays. »3


En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le prix Nobel de la paix, ce qui fait d'elle la plus jeune lauréate de l'histoire de ce prix.


 

Épilogue

La fin de l’apartheid des femmes peut sembler utopique, mais son abolition est incontournable. On ne peut dire quand, mais il est certain que l’humanité ne pourra encore longtemps accepter l’horreur que vivent celles qui nous engendrent et qui forment la moitié de l’humanité.

 

Dans la prochaine chronique, nous verrons comment les leçons des dernières révolutions vont servir à mettre fin à ces inégalités et redonner aux femmes le droit, comme tout humain, à l’égalité et à la démocratie.

 

Merci aussi à ceux qui n’ont pas lu.


 

Prochaine chronique :

L’APARTHEID DES FEMMES (3/3)

Du début à la victoire

  

 

 

RÉFÉRENCES

 

1

Wikipédia - Mort de Mahsa Amini

 

2


3

Nations Unies - Malala Yousafzai


 

La résistance française - L'appel du 18 juin 1940





 

 




Qu'est-ce qu'une révolution? : Amérique, France, monde arabe, 1763-2015





Révoltes et révolutions - Jollet/Schaub (Auteur)


 

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